L’accompagnement à la VAE, tout un art ! Rencontre avec Laurent Sovet, accompagnateur méthodologique de VAE doctorale

​Laurent Sovet est maître de conférences en psychologie différentielle au Laboratoire de Psychologie et d’Ergonomie Appliquées (LaPEA) à Université Paris Cité et Université Gustave Eiffel. Son champ d’expertise : l’orientation tout au long de la vie ! Titulaire d’un doctorat en psychologie de l’orientation obtenu au CNAM en 2014, il est co-auteur de 2 ouvrages parus chez Dunod : « Psychologie de l’accompagnement : Concepts et outils pour développer le sens de la vie et du travail » (paru en 2015 et réédité en 2020) et « Sens de la vie, sens du travail : Pratiques et méthodes de l’accompagnement en éducation, travail et santé » (paru en 2019).

C’est donc naturellement, au regard de son champ d’expertise, qu’on lui a demandé de devenir accompagnateur méthodologique pour la VAE doctorale à UPCité depuis septembre 2020. Nous l’avons interrogé sur le rôle de l’accompagnement et ce que cela représente pour lui.

Réflexion sur le parcours doctoral

« Au regard des conditions de réalisation de mon doctorat, j’ai été amené à m’interroger sur les liens entre doctorat, parcours et thèse. Le doctorat repose à la fois sur l’engagement dans un parcours doctoral et la rédaction d’une thèse. Un doctorat ne se réduit donc pas uniquement à la rédaction d’une thèse. »

En fonction de la voie d’accès au diplôme, les attentes peuvent être légèrement différentes. Pour la formation initiale et selon la discipline, il n’est pas toujours obligatoire d’avoir publié un article scientifique avant sa soutenance de thèse, alors que cela figure comme un élément déterminant dans la VAE doctorale. Sur ce point, cette démarche peut être vue comme plus exigeante par rapport à la formation initiale. Plus largement, la formation initiale permet d’accompagner un chercheur en devenir dans le développement de ses compétences. Dans la démarche VAE, on va examiner les expériences qui témoignent des compétences acquises par les candidats durant leur parcours professionnel.

À quoi mène une VAE doctorale ?

Le principe de la VAE (Validation des acquis de l’expérience) est une reconnaissance de compétences acquises dans son expérience professionnelle. Entreprendre une VAE doctorale est une opportunité offerte à une personne ayant eu un parcours de recherches et obtenu toutes les compétences attendues, mais qui ne possède pas le diplôme requis. Acquérir le titre de « docteur » peut ouvrir de nouvelles portes dans un parcours professionnel ancré dans la recherche. En effet, le doctorat a un statut particulier dans les milieux scientifiques, qui peut devenir nécessaire pour se diriger vers certains postes comme enseignants-chercheurs ou responsables R&D. Il est également reconnu partout dans le monde.

Quel est le rôle d’un accompagnateur dans la démarche de VAE doctorale ?

La démarche VAE s’appuie sur une procédure stricte avec plusieurs étapes à respecter suivant un calendrier universitaire spécifique. Les candidats doivent constituer un dossier de recevabilité qui va comprendre un rapport sur les activités professionnelles, la liste complète des publications, et des extraits de documents perçus comme les plus marquants. Cela peut ressembler à un CV analytique. Ce dossier est alors étudié par l’école doctorale (ED) dont la thématique est la plus proche. Cela peut donner lieu à un accord ou à un refus motivé. Si l’ED donne son accord, la rédaction du dossier VAE peut débuter. Le candidat peut (ou pas) choisir de bénéficier d’un accompagnement méthodologique, mais cela lui est fortement recommandé.

« En tant qu’accompagnateur méthodologique, mon rôle est de faire émerger par le candidat le fil conducteur de sa démarche en structurant et en mettant en sens son parcours, en transposant ses expériences en compétences et en faisant du lien avec les référentiels de compétences associés au doctorat ». Il ajoute : « Chaque candidat s’empare de cet exercice de manière singulière. À la fin, on voit émerger un ensemble plutôt cohérent qui s’organise en plusieurs grands axes forts. »

« L’engagement dans une réflexion sur son parcours, ses expériences, ses compétences et son identité professionnelle, et toute la démarche d’élaboration et de structuration s’inscrivent dans un processus parfois compliqué pour le candidat. Cela émerge au fur et à mesure avec quelques itérations. C’est un moment intense ! Dans le même temps ou de manière consécutive, le candidat se lance dans l’écriture de sa thèse. » Le rôle de l’accompagnateur méthodologique est de soutenir le candidat dans cette démarche d’écriture. Il va notamment relire les écrits et s’assurer d’une bonne cohérence dans leur structuration.

L’accompagnateur méthodologique intervient uniquement sur la première partie réflexive du dossier que le candidat devra remettre. La seconde partie correspond davantage au contenu que l’on retrouve dans une thèse réalisée en formation initiale. « Le référent scientifique va surtout s’occuper de cette partie même si des temps d’échange communs sont organisés. »

Les candidats sortent-ils grandis de la démarche de VAE doctorale ?

Laurent Sovet semble en être persuadé : « L’engagement dans une démarche de VAE doctorale amène nécessairement les candidats à s’interroger sur leur parcours et le sens des expériences professionnelles et personnelles qu’ils ont vécues. Cette réflexion les fait grandir et leur permet de lever le doute sur la légitimité à valider un doctorat. À la fin, ils peuvent se dire : “J’ai fait un doctorat à mon image”. C’est important de bien accompagner cette démarche car il y a le risque de décrocher et de se sentir dépassé par l’ampleur de la tâche. »

Conclusion

« Être engagé dans une mission d’accompagnateur méthodologique me permet de prolonger mes réflexions sur le lien entre doctorat, parcours doctoral et thèse, explique Laurent Sovet. Je reste en veille sur les compétences attendues dans le doctorat. Avoir été accompagnateur permet de dire à quel point c’est une démarche exigeante, mais elle est au bénéfice de la recherche française et internationale. Je me considère comme un ambassadeur de la VAE doctorale. »

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